Cahier de chansons et monologues

Le veilleur

C’était un soir d’hiver le vieux maître Grégoire
Nous dit : “Je vais enfants vous conter une histoire
Le combat du vengeur épisode sanglant
Ou les marins français luttaient un contre cent
Ce fut mes enfants un horrible carnage
Pour la première fois le nombre eut l’avantage
Ce souvenir lointain fait tressaillir mon cœur
Car je suis le dernier des marins du vengeur
Notre brave amiral Villaret de Joyeuse
Avait sur le vengeur hisser son pavillon
Le vent soufflait du nord la mer était houleuse
De gros nuages noirs flottaient à l’horizon
Nos braves matelots chantaient la marseillaise
Comme un adieu suprême à la terre française
Puis tout à coup plus rien qu’un lourd brouillard
La terre à disparu dans l’horizon blafard
On vogue et dans la nuit et dans cette nuit sombre
Ou deux pas devant nous il n’y avait que l’ombre
Nos vaisseaux sont perdus sans espoir de retour
Car aucun ne répond à l’appel du tambour
(Villaret ?) cherche en vain sur l’immense étendue
Au nord au sud à l’est pas une voile en vue
Le signal part l’écho est vingt fois répété
Le vengeur est bien seul, sur l’immensité
Le brouillard d’éclaircit au ciel brille une étoile
Puis un cri retentit sous le vent une voile
Une voile à bâbord une voile à tribord
Alerte compagnons il faut virer de bord
Enfin sur l’océan le jour remplaça l’ombre
Des vaisseaux ennemis on peut compter le nombre
Dix vaisseaux de haut rang entoure le vengeur
Aucun n’ose approcher on dirait qu’ils ont peur
Rendez vous dit l’anglais, mais d’une voix railleuse
Feu bâbord feu tribord lui répondit Joyeuse
La mitraille tombait dans les rangs ennemis
En fauchant les Anglais ainsi que des épis
Si sans pitié l’on tue l’on meurt sans défaillance
C’est que chacun combat pour l’honneur de la France
Chacun court à son poste à l’appel des clairons
Les Anglais stupéfaits démasquant leur canons
Matelots et soldats s’observent en silence
Puis au premier signal le combat recommence
Dix vaisseaux contre un seul l’Anglais aura beau jeu
Nous sommes enfermés dans un cercle de feu
Les gabiers des haubans nous couvrent de grenades
Les canonniers sur nous pointent tous leurs canons
Le vengeur a frémi sous leurs coups redoutables
Son tillac est ouvert et les mâts sont brisés
La mitraille en sifflant hache les bastingages
Boulets et biscaïens défoncent les bordages
Et chaque combattants le front haut (calme ?) et fier
subit sans tressaillir cet ouragan de fer
Servants et canonniers l’œil sanglant noir de poudre
Ressemblent aux démons qui dirige la foudre
De leur canons fermants chaque boulets qui sort
Dans les rangs ennemis va transporter la mort
Le maître timonier près d’un Anglais s’approche
Hardi la, mes enfants en avant qu’on l’accroche
Le gabier se prépare à lancer son grappin
Chacun s’arme mais hélas ! on s’approche en vain
De nos fiers matelots redoutants de courage
Les navires anglais redoutent l’abordage
Et du Vengeur brisé s’éloignant avec soin
Préfère sans danger nous mitrailler de loin
Le sang coule à grand flots quel horrible spectacle
Les blessés les mourants encombrent l’habitacle
Et notre bâtiment troué de toute part
S’enfonce doucement au fond des flots blafards
Amis tout est perdu nous n’avons plus de poudre
Et l’Amiral anglais prenant son porte-voix
Nous dit :”vous rendez vous pour la dernière fois
Vous allez couler bas allons pas de folie
Rendez vous et je vous fait grâce de la vie.”
Ces mots furent suivit d’un silence effrayant
Villaret se levant le regard foudroyant :
“Nous sombrons mes enfants vous venez de l’entendre
Répondez à l’Anglais si vous voulez vous rendre”
Jamais hurlent cent voix qu’emporte le trépas
Mourons tous s’il le faut mais ne nous rendons pas
Et le vengeur sombrant la phalange héroïque
S’engloutit en criant : “Vive la République