Cahier de chansons et monologues

L’appel après le combat

Tout est fini la terre a tu sa grande voix
L’on entend plus siffler le plomb ni la mitraille
Les canons fatigués reposent leurs entrailles
C’est le soir et la lune argente ses grands bois
Autour du feu les soldats se racontaient tout
Tout les dangers courus
Dans le silence ils se contemple
Et cherchent les amis qui ne reviendrons plus
Les rangs sont clairs car là bas dans la plaine
On s’est battu rudement tout le jour
Plus d’un brave à cette heure endormi sous un chêne
Ne se réveilleront plus à l’appel du tambour
Le ciel s’est éclairci de gros nuages sombres
Semblent faire à la lune un long voile de deuil
On voit dans le lointain passer comme des ombres
Les soldats qui s’en vont creuser le grand cercueil
Ou dormiront en paix dans la verte prairie
Tout ces pauvres héros tombés pour la Patrie
Les voilà côte à côte ainsi qu’au régiment

Mais lui n’entend plus rien d’un moment
Il prend son fils entre ses bras
Et sur ses deux genoux pressant sont front livide
Lui baisant les cheveux et lui parlant tout bas
Mon fils mon enfant c’est ton père
Eveille toi donc répond moi
Que dirais-je à ta pauvre mère
Lorsque je reviendrai sans toi
Pourrais-je dire à Madeleine
Lorsqu'elle te demandera
Jacques dors la bas dans la plaine
Pauvre petit elle en mourra
C’est ainsi que dans ton enfance
je t’endormais sur mes genoux
Je te regardais en silence
Dieu que ce temps la est loin de nous
L’horrible chose que la guerre
On as qu’un enfant pour tout bien
Passe une balle, au pauvre père
Il ne reste plus rien
Un moment il se tait puis sur l’herbe fleurie
Il pose doucement cette tête chérie
Et se met à creuser la terre avec lenteur
Pauvre petit dit-il en essuyant ses pleurs

Quand joyeux avant ta naissance
Je travaillais à ton berceau
Qui m’eut dit que la providence
Me gardait la douleur de creuser ton tombeau
Quand le cercueil fut fait
Il l’emplit d’une gerbe de bruyère, ô douce senteur
Puis couchant tout doucement son enfant dans cette herbe
Tout son corps disparut dans un linceul de fleurs
Quand il eut sur lui rejeté toute la terre
Arracha une branche au tronc d’un coudrier
Il en fit une croix, au moins ta pauvre mère
Dit-il sur toi pourra venir prier
Rangés autour de lui les soldats tête nue
En silence écoutaient cet adieu déchirant
Quand se redressant à leur vue
Ainsi parla un sergent.
Je n’avais qu’un fils sur la terre
La France me l'a pris très bien
Que chaque père offre les siens
Quand viendra la nouvelle guerre
Et qu’au milieu des combattants
Ils marchent tous plein de vaillance
A la tête des ses enfants
Quand il faudra venger la France
Fin