Cahier de chansons et monologues

La mort d’un brave

Ils ne sont plus que dix : obus, boulets, mitraille
A leur pieds ont couchés cent de leur compagnons
Ils ne sont plus que dix et le destin les raille
Car sur eux oh terreur sont braqués trois canons
Leur chef un vieux soldat aussi noble que brave
Avait prévu la fin d’une lutte aussi grave
Car d’avance il savait que l’Allemand maudit
Etait vingt fois plus fort : enfin il avait dit
Aux héros qui commande : “Amis c’est pour la France
Que nous allons mourir, redoublons de vaillance
Songez à vos foyer que souille l’étranger
Songez à la Patrie aux morts qu’il faut venger
Et puis qu’un blanc linceul vaut mieux que l’esclavage
Au chemin de l’honneur ouvrons nous un passage
Si je tombe au début de l’attaque au trépas
Suivez moi sans trembler mais ne vous rendez pas:”
Et tous avaient juré le cœur remplit de haine
De suivre les conseils du vaillant capitaine
Tous enfin ont tenu leur serment
Ils ne sont plus que dix entourés d’Allemands
Qui grisés de succès les sommaient de se rendre
Dans l’air les noirs corbeaux déjà se font entendre
N’attendant qu’un signal prêt à verser le sang
Trois canons assassins alignés sur un rang
Aux soldats de Guillaume assure la victoire
Triomphe sans mérite ou tout au moins sans gloire
La raison du plus fort qui prime les héros
Ne fait de leur vainqueur que d’ignoble bourreaux
En lions furieux qu’on irrite et menace
Ces dix désespérés autour d’eux se font place
Nul n’ose en approcher tant les coups de chacun
Sont mortels mais bientôt il n’en reste plus qu’un
Ecrasé sous le nombre il lutte, on va l’atteindre
L’horizon se brunit, le jour vient de s’éteindre
Il faut en finir mais terrible est le dernier
Plus on le veut vivant on le veut prisonnier
Afin de se venger de son trop de bravoure
Alors pour le saisir aussitôt on l’entoure
Contre lui seul enfin s’avance en palissant
La meute germanique, s’avance (ivre ?) de sang
Qui contemple avec joie ainsi qu’un noir vampire
La victime épuisée, à l’heure qu’elle expire
Il est pris et lié - Brûlé sera son sort
Il entend sans faiblir sa sentence de mort
C’était peu que de le prendre on invente un supplice
On allume un grand feu qu’en chantant l’on attise
L’ordre est exécuté puis comme il fait bien froid
Le chef de ces bandits satisfait de l’emploi
Permet à ses soldats inhumains et sans âme
De se chauffer ensemble auprès de cette flamme
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Allez-y vils bourreaux allez-y ...votre chef
Vous en donne permis sur le ton le plus bref
Achevez jusqu’au bout le plus ignoble crime
Réchauffez vous aux pieds d’une pâle victime
Quoi : Demi consumée, elle menace encore
Vous trembler noirs teutons ? Pourtant ce n’est qu’un mort